DEBATS VINCENT
DEBATS VINCENT
Lock

@Vincentdeb@mastodon.social

J'ai crée ce compte en réaction à la dérive annoncée de FACEBOOK qui risque de devenir FAKEBOOK. Ce compte est une vitrine pour faire part du travail qui avance. C'est une façon de faire découvrir mon travail en cours

Études : Scénographie à école supérieur d'art dramatique du TNS Diplômé(e) en 1993
|
A étudié à Ecole supérieur d'art appliqué DUPERRE Promotion 1990 peinture textile
|
January 14, 2025

C’était il y a quarante ans. J’étais animatrice en colonie de vacances. Une colo chic pour gosses CSP+ en Grèce.

Il y avait cette jeune fille, jolie mais naïve, « simple ». Sa fragilité aurait dû donner aux gens l’envie de la protéger des lions. Mais l’ennui, c’est qu’il y a beaucoup de lions et pas énormément de gens. (Ou l’inverse, puisque les lions, eux, ne se planquent pas derrière le mot « blague » quand ils bouffent leurs rejetons mâles.)
(Tiens, c'est une idée)
(Je déconne)

Elle servait donc de défouloir aux salopards d’animateurs, toujours prompts à maquiller leur cruauté en humour. Au début, je n’ai rien vu : j’avais mes propres problèmes. J’étais moi-même leur cible, trop pédago, trop intello , la tarée qui proposait des visites de ruines en Grèce, sans déconner !?
Eux, ils ne rêvaient que de piscines, même pas des plages.

Un soir au restaurant, les types ont convaincu le serveur que la gamine rêvait de lui et raffolait des plats ultras-épicés. Et là, j’ai vu. J’ai protesté, personne n’a bronché. Alors je me suis assise à côté d’elle. Quand le serveur a posé le piège devant elle, j’ai échangé son assiette avec la mienne. J’ai bouffé le feu de l’enfer en silence, pendant qu’elle mangeait tranquille et que la meute guettait son étouffement comme des hyènes flairant l’antilopette trop fragile. Le soir même, le directeur m’a convoquée. Verdict : je « ne savais pas rigoler ».
Je n'aurai pas de contrat l’année suivante.

Quarante ans plus tard, c’est la même mécanique, simplement podcastée et monétisée : l’affaire Jean Pormanove. Même scénario minable : une victime choisie pour sa vulnérabilité, des bourreaux persuadés d’être drôles, et un public qui s’esclaffe en attendant la chute. Dans la colo, c’était une assiette de piments. Sur Kick, une suite d’humiliations en direct. Dans les deux cas, on se gave de la même chose : la souffrance des autres. Jusqu’à la mort.

Dans une cour de collège, une colo, un bureau, ou en streaming, l’équation est la même : plus on regarde, plus ça dure. Chaque vue, chaque commentaire, chaque silence vaut approbation. C’est cette rente morbide qui encourage l’agresseur à recommencer.

Après coup, place à l’hypocrisie en mode supersonique. Les adultes n’ont rien vu , les supérieurs rien su, les plateformes «pas assez de moyens. Tout le monde savait. Tout le monde voyait. Mais dénoncer, c’est s’exposer. Alors on détourne les yeux. La lâcheté collective est l’engrais le plus efficace du harcèlement.

Et quand quelqu’un proteste ? On l’écarte. Moi, je ne savais pas rigoler. Ceux qui ont signalé les violences contre Pormanove ont été ignorés, ridiculisés, menacés. Car le harcèlement a toujours le même alibi commode : « ce n’est qu’une blague », « il faut savoir rigoler ». C'est son camouflage, son carburant et son impunité.

Jean Pormanove n’est pas mort par hasard. Il est mort de ce vieux mécanisme qui transforme la douleur des plus faibles en spectacle, l’humiliation des fragiles en divertissement et la cruauté des connards en business. La seule différence, c’est l’échelle : dans mon histoire, il y avait encore une assiette que je pouvais échanger. Dans la sienne, personne n’a pris le plat.

J’ai la bouche qui brûle encore après quarante ans, mais ce ne sont pas les piments.

(Accessoirement, je relie très facilement ces deux histoires à celles des trois enfants autistes morts noyés ce mois-ci dans une sortie de groupe. Supposément encadrés, mais morts parce que la vigilance s’était évaporée, que l’institution a confondu accompagnement avec gestion approximative.

Dans les trois cas, ce n’est pas un simple manque d’attention, c’est une complicité, une indifférence acive, un validisme assumé : on laisse faire, on détourne la tête, on fait taire ceux qui alertent, parce que regarder en face impliquerait de se lever, de prendre le plat trop épicé, de couper le direct, de surveiller vraiment la baignade. )

End of the list

Elk Logo

Welcome to Elk!

Elk is a nimble Mastodon web client. You can login to your Mastodon account and use it to interact with the fediverse.

Expect some bugs and missing features here and there. Elk is Open Source and we're actively improving it as a community project. Join us and let's build it together!

If you'd like to report a bug, help us testing, give feedback, or contribute, reach out to us on GitHub and get involved.

To boost development, you can sponsor the Team through GitHub Sponsors. We hope you enjoy Elk!

Anthony FuPatak三咲智子 Kevin DengJoaquín SánchezTAKAHASHI ShuujiDaniel Roe

The Elk Team